Pourquoi les employeurs qui discriminent les femmes enceintes ou jeunes mères passent à côté de quelque chose

Cri du coeur. Après 6 mois de maternité, je suis en pleine épiphanie.

Avant d’être mère, je trouvais déjà anormal qu’une femme soit mal vue ou pénalisée dans son ascencion professionnelle ou son embauche parce qu’elle était enceinte/en âge d’avoir des enfants/mère d’enfants en bas âge. Parce que ça fait partie de la vie, que les femmes sont aussi compétentes que les hommes, et qu’elles n’ont pas choisi d’être du sexe qui porte l’enfant. Et je comprenais aussi les contraintes pour une entreprise : devoir gérer une absence de plusieurs mois, aménager des horaires. Loin d’être infaisable, mais en effet, ce genre de cas est bien plus rare avec les hommes, à moins de tomber sur une maladie longue durée, ou un père célibataire avec ses enfants à charge.

Mais j’avais alors totalement sous-estimé la puissance de la jeune mère. La puissance physique. La puissance intellectuelle. La puissance organisationnelle. Qui sont autant d’atout utiles à l’entreprise.

Recapitulons les choses un instant. On parle d’un être humain  ayant les nuits hâchées pendant des mois, en étant physiquement affaibli, qui n’a plus la possibilité de se réveiller tranquillement le matin dans le calme, qui n’a plus la possibilité de rentrer chez lui pour se détendre le soir, de manière à bien se reposer avant une nouvelle journée, qui doit penser à l’organisation du quotidien de plusieurs personnes, qui doit mettre ses éventuelles émotions négatives de la journée de côté pour être disponible et calme dans sa tête pour quelqu’un d’autre, qui doit faire passer les intérêts d’autres personnes avant les siens, qui doit savoir segmenter son cerveau pour se concentrer sur le pro et le perso au bon moment, qui doit respecter un timing parfait, et tout ça, sur la durée. Et en plus de ça, cet être humain continue de faire son boulot normalement.

La putain de puissance.

Je suis en plein dedans, donc j’ai parfaitement conscience d’à quel point même en ayant notre vie, notre santé, notre esprit, nos émotions totalement chamboulés, on est tout à fait en mesure de continuer à bien bosser. On m’aurait dit avant que j’étais capable de faire tout ce que j’ai décris au-dessus, j’aurai ri en disant que c’était surhumain. Et je continue de croire que c’est assez extraordinaire.

Depuis que j’ai repris le boulot, on m’a souvent demandé comment je gérais, dit que j’étais courageuse. En réalité je fais juste les choses par nécessité, parce qu’il faut bien que je travaille, et que je gère tout le reste, même si je n’ai pas dormi une nuit entière depuis des lustres. Ce n’est pas un choix de ma part, c’est même proche de la torture quotidienne, mais je fais juste ce que j’ai à faire tant que mon corps et mon cerveau me le permettent. Et ils me permettent d’aller beaucoup plus loin que ce que je n’aurais jamais cru possible.

C’est en ça que je trouve aujourd’hui que les employeurs qui mettent de côté les femmes qui ont ou vont avoir des enfants se plantent.
Déjà parce que ça ne changera pas forcément la qualité de leur travail. C’est une possibilité, mais c’est imprévisible, et il y a tout autant de risque de voir quelqu’un bosser moins bien après une rencontre amoureuse, ou un décès d’un proche, ou l’arrivée d’un nouvel animal de compagnie.
Ensuite parce que ça signifie que le potentiel de ces femmes, les ressources qu’elles sont capables d’aller chercher avec la bonne motivation, c’est énorme. Et passer à côté d’une femme qui est prête à travailler tout en ayant à gérer une nouvelle vie de famille à côté, c’est se priver de quelqu’un de super performant, une putain de guerrière. Elle devient plus forte, plus polyvalente, plus responsable, plus altruiste.

Cette puissance et ce potentiel, c’est quelque chose à mettre en parallèle avec la gestion de l’abscence et l’aménagement éventuel des horaires. Un homme ou une femme qui n’aura pas d’enfant ne se mettra jamais dans ce mode de super-humain, capable d’assurer au travail malgré sa fatigue extrème, son corps bouleversé, sa charge mentale décuplée. Ça ne veut pas dire qu’ils sont inférieurs à la femme-mère, mais en tout cas ils ne leur sont certainement pas supérieurs sous prétexte qu’eux ne partiront pas en congé maternité.

 

 

 

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Une réflexion sur “Pourquoi les employeurs qui discriminent les femmes enceintes ou jeunes mères passent à côté de quelque chose

  1. Skyler dit :

    Tellement vrai !
    Les employeurs veulent des salariés toujours plus polyvalents, or, il n’y a pas plus polyvalent qu’une maman active ! Les gosses, les devoirs, la maison, le boulot : ça en fait des choses à gérer !

    J’aime

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